Les Johnnies, ces jeunes marchands venus de Roscoff

Qui ne se délectent pas devant les beaux oignons rosés de Roscoff ? Fierté du pays léonard et très prisé par les gastronomes, l’oignon roscovite a aussi son histoire, étroitement liée à celle du commerce maritime de la petite cité de caractère. L’occasion de vous parler des fameux Johnnies … 

C’est au XVIIe siècle que la culture de l’oignon débute à Roscoff grâce à un moine capucin qui selon la légende sema les premières graines venues du Portugal dans les jardins de son couvent. Les exportations de sel et de toiles de lin rythmaient principalement l’activité économique de la région. Une activité maritime dense dès le XIVe siècle qui marchandait principalement avec les pays baltes, l’Espagne et l’Angleterre. Il n’y avait alors pas de commerce de légumes à proprement parlé ; ils étaient essentiellement cultivés dans les potagers pour le ravitaillement des marins. Parmi eux, l’oignon figurait parmi les aliments privilégiés ; riche en vitamine C il permettait de prémunir contre le scorbut, maladie très répandue chez les marins.

Avec le déclin du commerce de la toile de lin, les paysans concentrèrent leurs efforts sur la culture des légumes et notamment sur celle de l’oignon. Celui-ci, particulièrement remarqué pour ses qualités gustatives et sa longue conservation.

Au XIXe siècle, l’oignon rosé de Roscoff connaît son heure de gloire en Bretagne mais aussi en Angleterre. En 1828, Henri Ollivier, jeune paysan de la région part sur une gabarre (bateau traditionnel destiné au transport de marchandises) pour rejoindre la Grande Bretagne. Le petit breton séduit les grands bretons avec ses oignons parfumés et revient de son voyage les cales vides et les poches pleines. Le premier Johnny de l’histoire (surnom donné par les anglais qui signifie Petit Jean) donne le la et des milliers de Johnnies partiront en Angleterre pour vendre leurs marchandises. Souvent très jeunes, ces marchands nomades allaient vendre leurs oignons tressés posés sur l’épaule à pieds ou à vélo. Ils partaient 4 mois environs de juillet à novembre. La pratique connut son apogée à la fin des années 1920 avec près de 1 400 Johnnies en activité et 9 000 tonnes d’oignons de Roscoff vendues. Des compagnies de Johnnies sont apparues pour réglementer et administrer le métier, elles étaient composées généralement d’une trentaine de membres. Après la Deuxième Guerre mondiale, les compagnies disparurent peu à peu. La crise économique et la chute de la monnaie anglaise expliquent en partie l’extinction de cette activité emblématique de la région.

A confirmer mais il resterait aujourd’hui une quinzaine de Johnnies en activité.

johnnies

L’histoire des Johnnies rappelle d’ailleurs la dureté de leurs conditions de travail ; soumis notamment aux durs aléas météorologiques de la Manche. On se souvient d’ailleurs du Naufrage du Hilda au large de Saint-Malo.

AOC depuis 2009, l’oignon rosé de Roscoff doit son nom à la couleur de sa tunique et de sa chair. Il a obtenu en 2009 le label AOC. Semé de mi-février à mi-avril, il est soulevé à partir du mois d’août avant sa maturité complète lorsqu’il est destiné au tressage. Il est ensuite séché quelques jours au champ puis stocké dans un endroit sec et ventilé. L’oignon de Roscoff et l’oignon rosé de Bretagne ne supportent pas le frigo ! Placez le dans un endroit sec et ventilé. (source : Prince de Bretagne).

Testé et approuvé, l’oignon de Roscoff est sans nul doute une spécialité bretonne à noter dans vos prochaines listes de courses au marché !

Mélusine à Paris

Une bretonne à Paris

3 commentaires

  1. Ping :19 novembre 1905 : le naufrage du Hilda - Mélusine @ Paris

  2. Ping :Les spécialités culinaires bretonnes géolocalisées! - Mélusine @ Paris

  3. Je ne connaissais pas du tout cette pratique, merci pour la découverte 😉 hé vais chercher ces oignons rosés maintenant 😉
    Bisous

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