La marque de Vauban en Bretagne

Quel est le point commun entre Camaret, Morlaix, Belle-Île, Concarneau, Saint-Malo et Brest? La marque de Vauban bien sûr, qui face aux attaques britanniques a révolutionné l’architecture militaire et a semé sur notre littoral de multiples fortifications défensives.

Il conçoit entre 1667 et 1707, « la ceinture de fer » qui vise à protéger la France des attaques ennemies. Ce fameux pré-carré royal qui vise à améliorer les fortifications de plus de 300 villes et à créer 37 nouvelles forteresses et ports fortifiés.

Sébastien Le Prestre, dit le marquis de Vauban, s’intéresse tardivement à la Bretagne, compte tenu de sa proximité directe avec l’Angleterre; il inspecte une première fois Belle-Île en 1683; deux ans plus tard il visite Brest et sa rade, Ouessant, les Îles d’Houat et de Hoëdic. En 1689, il retourne à Belle-Île et se rend à Saint-Malo et dans la baie de Morlaix. En 1694, il visite à nouveau Saint-Malo, la côte nord et la rade de Brest. En 1699, l’ensemble du littoral breton est doté de citadelles, de Brest à Saint-Malo.

Petite rétrospective sur 4 fortifications majeures

« La Tour dorée de Camaret »

Une des plus célèbres constructions Vauban en Bretagne est sans nul doute celle de Camaret-sur-Mer à la pointe Finistère. Hé oui, il n’y a pas que son curé qui est connu selon la « chanson »! Tour réalisée à base de briques pilées pour garantir son étanchéité, elle est appelée « la Tour dorée » par son créateur et assure la défense de la rade de Brest. Haute de 18 mètres, elle abrite un magasin à poudre, des logements pour la garnison et un observatoire. En 1694, elle fait preuve d’efficacité en contrant notamment, une attaque anglo-hollandaise. Elle accède ensuite à sa postérité en obtenant de Louis XIV sa devise de « gardienne du littoral armoricain ». Elle est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008.

La Tour dorée de Camaret

« Le fort de la Conchée »

Autre fierté de Vauban , le fort de la Conchée, dressé fièrement au large de Saint Malo, il symbolise son génie dans l’art de la fortification en pleine mer. A la portée des attaques britanniques, la cité corsaire restaure ses remparts en 1689 et se dote de 4 forts en  mer: le Fort Royal (appelé le Fort National aujourd’hui), le fort du Petit Bey, le Fort Harbour et le Fort de la Conchée. On attribue leurs réalisations à l’ingénieur militaire Siméon Garangeau. Celui qui était désigné par Vauban comme « la réalisation la plus solide de toute la chrétienneté » est gravement endommagé en 1944.

Le fort est peu à peu restauré depuis 1989 grâce à la Compagnie du Fort de la Conchée composée d’une vingtaine de personnes, passionnés de la mer, de histoire et du patrimoine maritime dont Alain Rondeau, journaliste spécialisé dans la navigation de plaisance. La Compagnie présidée aujourd’hui par François Lerault, est soutenue financièrement depuis 2008 à 100% par la Fondation du Patrimoine et la Fondation Total pour la restauration du fort. Je dénonce par ailleurs le manque d’implication de la municipalité de Saint-Malo dans la valorisation et la préservation de ce riche patrimoine. Fait constaté par l’association des Amis de Vauban, par ailleurs… Il est toujours fermé au public aujourd’hui.

Le fort de la Conchée au large de Saint-Malo.

« Le fort de Hoedic »

Suite aux travaux d’agrandissements de la Citadelle du Palais à Belle-Île en 1683, Vauban souhaite renforcer la défense de l’île à son sud-est, en édifiant un fort, sur l’île voisine de Hoedic en 1693. Les flottes anglaises et espagnoles convoitent les richesses naturelles du site et occupent régulièrement les lieux. Véritable batterie militaire avec son architecture circulaire, le fort de Hoedic occupe l’extrémité nord-est de l’île. Il résiste un peu plus de 50 ans aux multiples attaques anglaises et s’effondre en 1746. Il sera reconstruit en 1758 puis laissé à l’abandon l’année suivante suite à la défaite navale française contre la Royal Navy lors de la Bataille des Cardinaux.

Redoutant de nouvelles attaques, les autorités militaires y reconstruisent un nouveau fort au XIXe siècle. Fait étonnant, celui-ci n’a jamais été armé, ni occupé militairement; en revanche ses pierres ont servi à construire notamment, le phare des Cardinaux. Le fort abrite en 1881, la première école laïque de l’île puis se transforme en usine de fabrication d’iode avant d’être oublié et réhabilité par le Conservatoire du littoral en 1979. Il reste donc très peu de traces du fort d’origine qui est désormais enfouit sous les dunes.

Vue sur l’île de Hoëdic

« Le Fort de Bertheaume »

Construit sur une ancienne fortification médiévale du XVe siècle, le Fort de Bertheaume se dresse fièrement du haut de ses 38 mètres sur un îlot situé en face de Plougonvelin à la pointe finistérienne. Conçu par Vauban en 1689, cette fortification assure la défense de la rade de Brest avec son mur d’enceinte, sa batterie basse et ses poudrières, dont l’une se situe à 13 mètres sous terre. Situé en face de Camaret, il prouve son utilité en 1694 lors d’une attaque anglaise. Accessible à pied uniquement à marée basse, une simple nacelle transporte les hommes avant qu’une première passerelle ne soit construite en 1835 et le relie à Plougonvelin.

Le fort de Bertheaume

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands arme le fort en canons et en mitrailleuses et s’y installent dès 1940 jusqu’en septembre 1944 où ils sont lourdement bombardés par les Alliés. Laissé à l’abandon, le fort est propriété du Ministère de la Défense jusqu’en 1990. La commune de Plougonvelin s’en porte et entreprend de vastes chantiers de restauration et de réhabilitation. La commune l’ouvre au public et y organise des expositions, des visites, des spectacles vivants et des spectacles de sons et lumières qui visent à valoriser la majesté du fort.

Bonus: Je profite de cet article pour saluer l’association des Amis de Vauban, présidée par Monsieur Alain Monferrand, directeur de l’Observation touristique à ODIT-France, que j’ai eu la chance de rencontrer et qui a mené un travail titanesque pour inscrire au patrimoine mondial de l’UNESCO 12 groupes de bâtiments fortifiés et de constructions de Vauban le long des frontières nord, est et ouest de la France dont celui de Camaret en Bretagne.

Mélusine à Paris

Une bretonne à Paris

2 commentaires

  1. Je crois d’ailleurs que la tour à Camaret est malheureusement le seul monument en Bretagne classé au patrimoinde mondial de l’Unesco (sans compter le Mont Saint Michel, mais c’est un autre débat, qui a d’ailleurs fait l’objet d’un post sur ton blog) ;o)

    • Effectivement la Tour dorée de Camaret est le seul site inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en Bretagne. Cependant les alignements de Carnac ont été rajoutés à la liste indicative de l’Unesco en 1996. On parle d’une candidature à l’inscription prochainement pour les fameux mégalithes morbihannais.

      Les marais salants de Guérande sont aussi sur cette liste indicative; pour l’instant en Loire-Atlantique.

      Quant au Mont Saint-Michel, effectivement normand pourrait perdre son inscription à l’Unesco si les éoliennes devaient faire son apparition au large de la baie…

      Autre dossier celui des Marches de Bretagne où 21 sites de Bretagne et de la Loire-Atlantique se sont regroupés pour postuler : Ancenis, Angers, Avranches, Champtoceaux, Châteaubriant, l’abbaye de Clermont, Clisson, Dinan, Fougères, Guérande, l’ abbaye de Melleray, Lassay-les-Châteaux, Laval, Montaigu, Oudon, Pouancé, Saint-Aubin-du-Cormier, Saint-James, Sion-les-Mines, Tiffauges et Vitré. Les Marches de Bretagne tiennent compte des monuments préservés et de l’ histoire des anciens habitants de cette zone de marche du XIIIe au XVIIIe siècle. Le projet est en cours pour l’instant. Pour en savoir plus, un petit article du Télégramme!

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