La vague bleue marine est-elle à la peine en Bretagne ?

En tombant hier soir sur ce tweet de @france3Bretagne« Le meeting de Marine Le Pen prévu samedi à Saint-Aubin-du-Cormier n’est pas du goût de ses habitants http://t.co/9Xwjtl0Sd9 #Bretagne  » je me suis penchée sur le Front National en Bretagne et la place que ce parti politique occupe dans notre région. Avant l’élection de François Hollande, les journalistes et les politologues ont longtemps présenté la Bretagne comme « une terre de résistance au Front National« . (Je vous invite d’ailleurs à lire l’article de Martin Untersinger d’avril 2012 sur Rue 89).  A l’heure où les médias et les sondages laissent penser que les français sont prêts au « vote sanction » lors des prochaines municipales en mars 2014, qu’en est-il aujourd’hui en Bretagne dans un contexte économique particulièrement tendu ? Comment se positionne le parti depuis sa création en 1972 et quelles relations entretient-il avec notre région ? J’ai mené ma petite enquête.

frontnational

Un parti historiquement faible en Bretagne

Ce n’est un secret pour personne, la famille Le Pen est morbihannaise d’origine. Jean-Marie Le Pen né à la Trinité sur Mer en 1928 est fils de patron-pêcheur et d’une couturière originaire de Locmariaquer. L’actuel président d’honneur et ancien chef de file du parti connaît donc la Bretagne et y passe encore ses étés… Mais c’est en région parisienne et dans le Sud-Est de la France qu’il a mené sa carrière politique. Il n’a jamais eu de mandat politique en Bretagne et a rencontré même quelques difficultés à trouver des candidats pour représenter son parti lors des principales élections ainsi que des élus bretons pour le parrainer lors des élections présidentielles.  Les élections locales à suffrage universel direct n’ont jamais vu percer le Front national. Ni maire ni député FN n’ont été élu en Bretagne depuis la création du Parti. Aujourd’hui il n’y aucun conseiller régional portant l’étiquette Front national.

Certains politologues l’expliquent par le fait que la région soit peu concernée par l’immigration, fer de lance des idées de l’extrême-droite. Idée qui peut être contredite par le fait que le Front National n’a jamais obtenu de bons résultats non plus en Île-de-France où pourtant 40% des immigrés vivant en France y habitent (d’après le recensement de 2006). D’autres pensent que cela est propre à l’esprit d’ouverture des bretons et à l’histoire même de la Bretagne…

Lors des 3 dernières élections présidentielles, seuls Honoré Lescoat, maire sans étiquette de Tréogan depuis 1983 (commune des Côtes d’Armor de 99 habitants), René-Marie Bouin, conseiller régional du Morbihan et ancien secrétaire départemental du FN, Louis Rochefort maire de Tinténiac depuis 2001 (commune d’Ille et Vilaine de 3300 habitants) et Jacques Dore, conseiller régional d’Ille et Vilaine ont parrainé Jean-Marie Le Pen et sa fille en Bretagne.

Une percée récente à surveiller…

N’atteignant jamais plus de 10% aux élections présidentielles jusqu’en 2002, Jean-Marie Le Pen avait obtenu 11,2 % des voix en Bretagne lors du premier tour cette année là pour redescendre à 7,18% des voix en 2007. C’est en 2012, que le FN réussit à atteindre un score de 13,24% et arrive en 3e position dans la région (avec un record de 15,53% des voix dans le Morbihan). Globalement, les finistériens ont moins voté pour le FN tout comme les habitants de Rennes, ville étudiante et profondément ancrée à gauche.

Il n’est pas sans rappeler que la percée du FN en 2012 n’a pas eu lieu uniquement en Bretagne ; le phénomène s’est vérifié aussi sur tout le territoire (vote sanction contre l’UMP et le PS, crise économique, nouveau visage du Front National avec Marine Le Pen…).

Aujourd’hui si la Bretagne n’est pas une terre pro extrême-droite, on ne peut pas ignorer que le contexte économique actuel de la région et la mise en place de l’écotaxe puisse profiter au parti frontiste aux prochaines élections municipales. Et ça le FN l’a bien compris ! En critiquant  l’Europe et les politiques agricoles des gouvernements qui se sont succédé et en dénonçant les licenciements économiques, il ne serait pas étonnant qu’ils arrivent à séduire les classes dites « populaires » touchées directement par la fermeture d’entreprises et les licenciements économiques dans la région. Preuve en est avec le communiqué de presse de Leif Blanc, délégué national à la ruralité, l’agriculture et l’environnement au FN du 21 octobre dernier. Le Front National a réussit a atteindre des scores importants dans le Nord grâce/à cause de la désindustrialisation de ces régions. L’Histoire a souvent démontré que les populations ont tendance à se diriger vers les extrêmes en cas de crise économique et c’est peut-être une éventualité qui ne faut pas exclure en mars de l’année prochaine en Bretagne. Le meeting de Marine Le Pen qui aura lieu à Saint-Aubin-du-Cormier (commune d’Ille et Vilaine) n’a que pour unique objectif de séduire les bretons dans un contexte difficile pour eux.

En espérant que le malheur des bretons ne profite pas au bonheur des extrêmes…

A savoir : le Parti communiste de Rennes et le collectif antifasciste rennais a relayé sur son site le 22 octobre une lettre d’habitants de Saint-Aubin-du-Cormier refusant la venue de Marine Le Pen dans leur commune.

Source : L’ INSEE, Legifrance, le site de la Région Bretagne, le site du Front National,  Rue 89, France 3 Bretagne

Mélusine à Paris

Une bretonne à Paris

Un commentaire

  1. Très bon article 🙂

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