Notre-Dame du Kreisker, le plus haut clocher de Bretagne

Le patrimoine bâti religieux de Saint-Pol-de-Léon dans le Finistère est d’une grande richesse ; je pense notamment à  la cathédrale Saint-Paul-Aurélien, à la Maison Prébendale ou à la Fontaine Lenn Ar Gloar. L’article sera consacré ici à l’histoire d’une autre merveille du pays léonard : la chapelle Notre-Dame du Kreisker. Saviez-vous qu’elle figure parmi les plus hauts clochers de France et qu’elle dépasse d’ailleurs en hauteur les célèbres tours de Notre-Dame-de-Paris ?

Façade Nord de Notre-Dame du Kreisker

La légende autour du Kreisker

On dit que la toute première chapelle appartenait à une jeune lingère qui a eu le malheur de travailler un jour dédié à la Vierge Marie. Elle fut punie par Saint Kirec qui paralysa ses membres. Repentie, la jeune femme fut guérie par le Saint qui lui donna sa maison, preuve de sa foi et de son pardon. La « Maison du centre » (Kreiz : milieu en breton) en bois de la petite lingère fut donc transformée en chapelle. Brûlée par les Normands au IXe siècle, une seconde chapelle fut reconstruite probablement à la demande du duc de Bretagne Jean IV par un architecte anglais, ami de son épouse au milieu du XIVe siècle. Comble du sort,  les anglais brûlent la ville de Saint-Pol-de-Léon quelques dizaines d’années après, emportant dans les flammes le deuxième Kreisker. Les britanniques décident de reconstruire la tour originelle, trouvant-là le lieu idéal pour y observer les ennemis venus de la côte ou des campagnes durant la guerre de succession au trône de Bretagne. Au XVe siècle, après le départ des anglais, on surmonte la tour de sa fameuse flèche.

Façade Sud de Notre-Dame du Kreisker

Le Kreisker selon Vauban : « Le morceau d’architecture le plus hardi »

La chapelle du Kreisker est un véritable roc surmonté d’un majestueux pic ! Ses fondations sont pourtant faibles en apparence, puisque la Tour repose sur 4 piliers de 3,20 mètres seulement. Sa flèche octogonale en granit percée de 80 ouvertures en forme de rosaces, de quinte-feuilles, de quatre-feuilles et de trèfles et de petites fenêtres à fronton aigu est la pièce architecturale maîtresse de l’édifice. Quatre clochetons s’ajoutent à l’ornementation de la flèche que l’on peut admirer après avoir franchi les 169 marches de la tour. Après cette ascension un peu périlleuse, s’offre alors à nous un panorama hors-norme sur le pays léonard. On peut même apercevoir par temps clair les pointes de Trégastel et de Primel et même le fameux château du Taureau de la Baie de Morlaix.  La hauteur totale du Kreisker depuis le sol est de 77 mètres. La flèche mesure quant à elle 32,5 mètres et les clochetons 16,25 mètres. Les tours de Notre-Dame de Paris qui paraissent si hautes ne s’élèvent pourtant qu’à 68 mètres ! A savoir, la montée du clocher est possible uniquement en juillet et en août.

Clocher de Notre-Dame du Kreisker

En haut du clocher de Notre-Dame du Kreisker

En haut du clocher de Notre-Dame du Kreisker

Le Panorama depuis le haut du clocher de Notre-Dame du Kreisker

Le Panorama depuis le haut du clocher

Surmonté d’un fronton triangulaire, son porche nord de style flamboyant mérite aussi le détour ! On pouvait y admirer autrefois les armoiries des donateurs, malheureusement détruites durant la Révolution. Tout au sommet se dresse une Vierge à l’Enfant du XVe siècle qui a servi de modèle à celle, moderne, qui trône à l’intérieur de la chapelle. Sur l’arcade d’entrée, on remarque dix statuettes de patriarches barbus déployant un parchemin. Les portes sont surmontées de multiples feuillages, de statuettes, de monstres imaginaires et d’animaux domestiques en tout genre.

A l’intérieur du Kreisker on peut apercevoir les 7 Saints du Tro-Breizh et le magnifique retable en bois de la Visitation. On peut aussi y admirer les fameux vitraux du milieu du XXe siècle, œuvres du peintre verrier parisien Labouret et remplaçant ceux du morlaisien Le Cleach du début du XXe siècle.

Les Saints du Tro-Breizh dans la chapelle Notre-Dame du Kreisker

Les Saints du Tro-Breizh dans la chapelle Notre-Dame du Kreisker

Une souscription pour le vitrail de la baie ouest !

A l’intérieur de Notre-Dame du Kreisker, des travaux de restauration sur la baie ouest ont été nécessaires en 2012. Si le vitrail de cette baie devait être aussi remplacé et fabriqué ; il ne pouvait pas être subventionné, ni par la DRAC ni par le Conseil général du Finistère qui avaient déjà financés « la préparation » à hauteur de 52 497 €. Le père dominicain Kim En Joong, d’origine sud-coréenne a été choisi pour réaliser le nouveau vitrail coloré dans la masse ; une œuvre contemporaine, soulignée de jolies couleurs symboliques : le rouge pour l’Esprit saint, le jaune pour la joie, le bleu pour la pureté.

Le vitrail de Kim En Joong  dans la chapelle Notre-Dame du Kreisker

Son installation au cours du mois de décembre 2013 a permis d’inonder de lumière l’intérieur de la chapelle et permet de valoriser ce riche patrimoine architectural. Le coût de la réalisation et de son entretien a été estimé à 223 800 €, une charge financière très lourde pour la commune qui a reçu le soutien de la Fondation du Patrimoine pour l’aider à lancer une souscription publique. Aujourd’hui, ce sont 52 370 € qui ont été rassemblés. Chacun, particulier ou entreprise, membre d’une association, habitant ou touriste, peut apporter sa contribution en faisant un don en faveur du plus haut clocher de Bretagne et de ce tout nouveau vitrail.

Le vitrail de Kim En Joong  dans la chapelle Notre-Dame du Kreisker

Si vous souhaitez faire un don en faveur de ce vitrail, vous pouvez vous adresser à la Fondation du Patrimoine Bretagne à Rennes, à la Mairie de Saint-Pol-de-Léon ou à l’Association des amis du Kreisker.

Mélusine à Paris

Une bretonne à Paris

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *