Le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie…

Après avoir tenté de répondre à la fameuse question « Nantes est-elle en Bretagne« ? Je vais aborder un autre débat qui fait rage entre les bretons et les normands: Le Mont-Saint-Michel est-il breton ou normand?

C’est souvent la question qui fâche et là encore un peu d’histoire, un peu de géographie et un peu de hasard peuvent nous éclairer!

Un peu d’histoire, un peu de géographie

Le Mont-Saint-Michel, dédié à l’archange Saint-Michel a été construit au début du VIIIe siècle et appartient au diocèse normand d’Avranche. Le Mont sera officiellement breton entre 867 et le début du XIe siècle. Effectivement, le traité de Compiègne concède au roi breton Salomon (que l’on célèbre tous les 25 juin en Bretagne) l’avranchin, le Cotentin et des îles anglo-normandes et de fait par le Traité de Compiègne de 867, le Mont-Saint-Michel.

L’avranchin retrouve son appartenance normande dès le XIe siècle. Une période un peu floue s’en suit avec la définition de la frontière britto-normande. La Sélune, à l’est du mont, (fleuve côtier qui prend sa source à Saint-Cyr-du-Bailleul et se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel) est choisie provisoirement comme frontière géographique et administrative entre les deux régions. Et c’est de là que part le débat puisque le Mont est toujours breton! Quelques années plus tard on déplace la frontière au Couesnon qui ancre définitivement le Mont en Normandie. L’appartenance normande du Mont-Saint-Michel est attestée par les textes dès le XIIe siècle. Aujourd’hui la frontière entre l’Ille-et-Vilaine et la Manche se situe a 5 kms environs à l’ouest du Couesnon.

Vue sur le Couesnon et le Mont au loin

Alors pourquoi le débat persiste-il encore?

Parce que certains s’accordent pour dire que l’îlot rocheux granitique serait breton même si la commune du Mont-Saint-Michel est normande. D’autres encore affirment que les travaux de dérivation du Couesnon (obligatoires pour l’assainir et le canaliser ont favorisé les normands plutôt que les bretons… Mauvaise foi? Oui très certainement! 😉

Les bretons sont juste amers de ne pas avoir la « Huitième merveille du monde » dans ses terres (à si peu de kilomètres). Pour se consoler, le dicton dit que « le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie…et le Couesnon dans sa raison le rendra aux bretons! » On dit aussi qu’il y a tellement de choses à voir en Bretagne qu’on a laissé le Mont aux normands pour faire gonfler leur fréquentation touristique. Quoique…

Le Mont-Saint-Michel

L’actu du Mont: la baisse de sa fréquentation

J’en profite pour parler de l’actualité du Mont-Saint-Michel qui a vu son nombre de visiteurs baissé considérablement cette année (plus de 3 millions de visiteurs chaque année en moyenne). Les commerçants se disent mécontents en sachant qu’ils vivent essentiellement du tourisme. En cause? La suppression des parkings à proximité du Mont et la mise en place de navettes. Une suppression pourtant rendue nécessaire pour préserver ce patrimoine (le Mont et la baie) inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.

De mon point de vue, la météo catastrophique de l’été, le prix élevé des navettes ainsi que la distance à pied à parcourir ensuite (dans un contexte où les seniors représentent une grande partie des visiteurs) sont les explications plausibles. Un manque de communication sur les événements proposés par la commune paraît aussi évident pour attirer les habitants de l’Ille-et-Vilaine et de la Manche.

Je vous conseille les articles de Ouest-France et du Télégramme pour avoir deux points de vue journalistiques sur la question.

A savoir: Une cinquantaine de personnes habitent au Mont toute l’année, qu’on appelle tout simplement les montois!

Le site officiel de l’Office du Tourisme du Mont Saint-Michel 

Mélusine à Paris

Une bretonne à Paris

15 commentaires

  1. J’ai un problème avec le Mont St Michel, j’ai toujours envie de dire qu’il est en Bretagne…. 😉
    Je n’ai pas testé ces navettes, mais une collègue m’a dit que ça ne l’avais pas plus dérangée que ça… je suis quand même vraiment dubitative…

    • Je n’ai pas testé non plus les navettes et quand je vois leur site le propos n’est pas vraiment clair sur les accès et la navette en passeur (qui n’acceptent pas les animaux). 400 m de marche après la navette, sinon 30mn de marche à partir du parking de stationnement. Il y a surtout un manque de communication sur le nouveau système et les gens sont vite perturbés par le changement!

    • Pas de problème pour moi il était Breton et est toujours Breton pour moi, mais la Normandie se défend bien alors disons que le Mont est BretCardie oui je sais c’est nouveau et je n’ai pas trouvé mieux pour contenter tout le monde 😀

      • J’aime beaucoup la BretCardie ! Le principal c’est qu’on réussisse à le préserver et que les touristes puissent le visiter dans les meilleures conditions possibles ! Pas évident de contenter tout le monde ! Merci de votre visite

  2. La bêtise humaine d’avoir ensablé et goudronné pour faire des parkings au abords du Mont et maintenant la suppression le dés ensablement pour que le Mont redevienne ce que la nature avait fait.

    Mr et Dames les commerçants plus d’argent toujours plus d’argent mais qui a payé ces travaux inutiles c’est nous les contribuables alors arrêtés de pleurnicher SVP il y a plus malheureux que vous on n’a jamais vu un corbillard suivi d’un coffre-fort.

    • La question est délicate sur le tourisme et la préservation du site naturel. Il faut pouvoir contenter touristes, commerçants, habitants et l’UNESCO… à l’image de la Pointe du Raz qui a réussit à préserver le site et à permettre aux visiteurs d’y accéder. Fermer le site à la visite n’est pas à mon sens la solution pour sensibiliser les personnes à la necessité de le protéger. Des erreurs ont sûrement était faites, aux élus maintenant de changer la donne et d’améliorer leur communication et le fonctionnement des navettes. Merci de votre visite, au plaisir !

  3. C’est vrai que c’est un débat qui revient souvent entre normands et bretons, étant normand je l’entends souvent ^^ Pour ma part le Mt St Michel est bel et bien normand ^^ la frontière bretonne a été établie vers 933, quand les frontières normandes se sont définies dans le royaume de France. Avant cette date, le Cotentin et l’Avranchin appartenaient aux bretons depuis environ 876. L’abbaye fût fondée par un moine d’Avranches vers 708. Donc le Mont était breton, (d’ailleurs deux des premiers ducs de Bretagne de la dynastie des comtes de Rennes y seraient inhumés :)) mais après 933, il devint définitivement normand, et les ducs débutèrent la construction de l’abbaye grâce aux nombreuses donations notamment Richard Ier (les moines revinrent en 966) . Ce fût aussi le lieu d’un mariage normanno-breton ( ou britto-normand au choix 😉 ) entre Geoffroi Ier duc de Bretagne et Havoise ( soeur de Richard II de Normandie) voire de réconciliation (~ 1030)…La construction de la Merveille débuta après la conquête française de 1204 ( avec l’appui de la Bretagne) et eût pour cause l’incendie du Mont au printemps de la même année. Pour en revenir à l’article, je pense qu’il faut absolument préserver ce site, je ne suis pas retourné au Mont depuis l’installation des navettes, mais ça reste un des plus beaux sites …et les Bretons et les Normands ont raison de vouloir se l’arracher 😉 Et je précise que je n’ai rien contre les bretons car j’ai aussi des racines bretonnes, et la région reste l’une des plus belles à mes yeux! ( j’ai l’habitude dire à ma femme que le seul pays étranger à la Normandie dans lequel j’aimerais vivre est la Bretagne XD )

    • Mélusine à ParisNo Gravatar

      Merci pour toutes ces précisions historiques made in Normandie … J’aime beaucoup votre dernière phrase ! Merci de votre visite et à bientôt !

  4. Dans la phrase symbolique  » la couesnon qui dans sa folie, mit le mont en Normandie » il serait intéressant de s’interesser au terme « dans sa folie » … D’où vient cette expression? pourquoi a t-on traité le couesnon de « fou » … j’ai plusieurs réponses possible mais j’aimerai avoir vos idées
    A bientôt

    • En l’occurence ce sont plutôt les hommes que l’on traite de fous. Comprendre l’adage ainsi : « La folie des hommes a dévier le Couesnon pour le mettre en Normandie »

  5. J’ai rencontré mon épouse au Mont St Michel en72,nous avons fait notre carrière durant 45 ans un peu partout en France et pour notre retraite,sommes revenu à Granville avec toujours le Mont tout près ,elle est de St Hilaire donc Normade et je suis de Rennes donc Bretons,nous avons trois enfants et deux petits enfants et tous ont très bien réussi donc le mélange est plus que resonnable.

  6. A vrai dire, les Normands en parlent souvent, les Bretons plus rarement si ce n’est quand on les chatouille avec. Le mont a été donné volontairement par Alan III Rebrit de Bretagne à Robert le Magnifique de Normandie, reculant la frontière de l’embouchure de la Sélune à celle du Couesnon, notamment parce que leur oncle à tous les deux, archevêque de Rouen, voulait intégrer le Mont à la Normandie puisqu’il relevait de l’évêché d’Avranches, accordant ainsi la géographie politique et ecclésiastique. Il profita de leur réconciliation vers 1030 pour agir. Et plus jamais les Bretons ne s’en soucièrent, le reste n’est que légende, notamment propagé par le fameux dicton sur le Couesnon qui ne fut inventé qu’au XVIIIème ou XIXème siècle par un auteur français (dont le nom m’échappe). Maintenant, la crise, d’après ce que j’ai compris, vient des souvenirs bretons vendus au Mont qui contrarient les Normands… bref, une grosse enfumade qui ne fait pas couler beaucoup d’encre en Bretagne, sinon que deux ducs bretons y sont inhumés (Konan Dort, 992 et Jafrez, 1008)

    Sinon, je lis avec intérêt que le Cotentin et l’Avranchin retrouvent leur appartenance normande au XIème siècle. Comment cela serait-il possible alors que la Normandie n’existait pas avant 911, à fortiori en 867 quand ils devinrent officiellement bretons ? En réalité, la Normandie (qui n’est pas encore la Normandie), cantonnée à un territoire entre St-Clair sur Epte, Evreux, Lisieux et Rouen depuis 911, s’étend à la Normandie centrale vers 922 et sur le Cotentin et l’Avranchin en 933 (Xème siècle donc) à la faveur d’une magouille avec Raoul de Bourgogne, usurpateur de la couronne des Francs. L’historien Karl Ferdinand Werner l’explique mieux que moi, mais en bref, le franc voulait récupérer ces territoires qu’il ne contrôlait pas et sur lesquels il n’avait aucun droit. Il invita Guillaume Longue-Epée à lui faire hommage de ces territoires, les rendant de facto fief de la couronne lorsqu’il accepta l’hommage, charge à Guillaume de les conquérir ensuite, puisque lui non plus ne les contrôlait pas. Le Cotentin et l’Avranchin devinrent donc normands en 933, choses qu’il s n’avaient jamais été auparavant, c’est juste une question de chronologie. Ces territoires furent successivement armoricains, puis francs (inclus dans la Neustrie) avant de devenir bretons en 867 et normands en 933. Voilà.

    Du coup ça me donne envie d’aller voir l’article sur Nantes, parce que essayer de répondre à un fait établi par onze siècle d’histoires, ça m’intrigue.

  7. Les arguments en béton à balancer aux bretons orgueilleux, incultes et bornés :

    – Le Mont-Saint-Michel a été breton très peu de temps – moins de 150 ans – (et d’un point de vue RELIGIEUX, il fera TOUJOURS partie du diocèse d’Avranches qui reste dans l’archidiocèse de Rouen) en comparaison des + de 1000 ans d’appartenance à la Normandie.
    – D’autant que le Mont-Saint-Michel TEL QU’IL EST n’a jamais été breton, car les touristes viennent voir un monument (l’abbaye) construit sous les normands (sous la Bretagne, c’était un modeste sanctuaire qui existait avant quand le mont appartenait à la Neustrie qui se confond géographiquement avec la Normandie actuelle) ; les bretons n’ayant rien construit au Mont)) – avec un ajout ultérieur français (la Merveille) ; d’ailleurs c’est l’évêque saint Aubert (Aubert, nom normand par excellence et certainement pas breton) d’Avranches qui décide de l’édification, d’un oratoire dédié à l’archange saint Michel en 708 (bien avant qu’il rejoigne la Bretagne) ,et non les bretons (bretonnants ou gallos).
    – Enfin, au delà du fait qu’il a été romain, puis franc avant que les francs le concèdent aux bretons, il était le sanctuaire des abrincates qui a donné le mot Avranches, tribu dont le territoire couvre l’Avranchin (en Normandie), le mont inclus ; donc gaulois armoricain bien avant l’arrivée des immigrés insulaires bretons (et leurs alliances avec les gallos). Les descendants des abrincates habitent donc actuellement l’actuelle Avranchin en Normandie ; il est donc retourné depuis belle lurette à ses premiers propriétaires. CQFD.
    – Et l’adage breton  » Le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie (et le Couesnon dans sa raison le rendra aux bretons!)  » ,est joliment dit, mais n’a pas de réalité factuelle (comme souvent avec les bretons) : Le Couesnon, dans ses différents changements de lit, ne s’est jamais retrouvé à l’est du Mont-Saint-Michel, soit au plus à l’est en face du Mont, soit très à l’ouest du Mont (voir les polders constitués sur l’ouest de l’estuaire du Couesnon) ; d’autant que la frontière avec la Bretagne est à 5 Km à l’ouest du Couesnon !
    Voilà de quoi relativiser ce mythe urbain d’un Mont-Saint-Michel breton, et d’en finir une bonne fois pour toute avec les bretons bornés persuadés d’une quelconque légitimité vis à vis de l’appartenance du Mont-Saint-Michel.
    Et je n’ai rien contre les bretons ouverts et humbles, moi-même étant breton (bretonnant) par ma grand-mère maternelle.

  8. Ping :Mont-Saint-Michel : le drapeau qui divise. | La Charte de Fontevrault

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